Dernier épisode de la nouvelle de Nathalie Faure-Lombardot... Dénouement.

Différence de point de vue (Fin)...

Dernier épisode de la nouvelle de Nathalie Faure-Lombardot... Dénouement.

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...



Les deux amis se dévisageaient, l'un sûr de lui, l'autre indécis, quand le téléphone sonna de nouveau. Morgan, perdu dans ses pensées ne répondit  pas. La voix impersonnelle du répondeur retentit une nouvelle fois, quémandant un message. Ce fut la voix éraillée de Leina qui prit le  relais, de façon hachée, saccadée. Elle pleurait, cela ne faisait aucun  doute. Morgan prit sa tête dans ses mains, comme pour ne pas entendre,  mais David savait qu'il écoutait.
-  Morgan… Je savais que tu m'en voudrais… Je me doutais que tu réagirais comme  ça… Depuis le début, je savais… Mais pour être en paix avec moi-même, je me devais de faire ce que j'ai fait… Je devais affronter cette épreuve  seule… Je t'aime à la folie, comme je n'ai jamais aimé, comme je  n'aimerais certainement jamais plus… Tout ce que je voulais, c'était que tu sois heureux et tu ne pouvais pas l'être complètement avec moi, quoique tu en dises… Combien de temps tu aurais supporté de vivre avec une  handicapée ?… Oh, je sais que tu n'aurais jamais utilisé ce terme…
Peut-être même que tu ne me considérais pas comme ça, toi !… Mais ton  entourage, si !… Un jour où l'autre, tu aurais fini par les écouter,…  par te lasser… Je ne regrette pas ce que j'ai fait… Je préfère être  malheureuse seule, que te savoir malheureux avec moi… Puisque tu ne me  demanderas plus jamais de rester, je m'efface… Je repars… Je voulais  juste te dire au revoir… Une dernière fois…. Et te demander pardon pour tout le mal que je t'ai fait !
Sa voix s'était brisée, juste avant qu'elle ne raccroche.
-  Elle a dit "je ne regrette pas ce que j'ai fait !" suggéra encore David.
-  Elle parlait du fait de me quitter… s'entêta Morgan.
-  A ta place, moi je vérifierais ! lança David avec une moue sceptique.
David avait rejoint la porte d'entrée, laissant son ami en proie à ses doutes et ses incertitudes. Juste avant de partir, il se retourna et murmura à son intention :
-  Si tu la laisses repartir, c'est que t'es le roi des cons…
Le bruit de la porte qui claqua dans son dos, retentit comme un signal  dans le cerveau embrumé de Dylan. Il fallait qu'il en ait le cœur net.
De toute façon, il était malheureux comme les pierres depuis six mois…
Quand il arriva à l’accueil de l’hôtel, le guichetier désolé lui répondit  qu’elle était partie. Il le regarda d’abord incrédule. Ce n’était pas  possible, il n’allait pas la perdre de nouveau, comme ça, juste pour une question de minutes ? Il sauta de nouveau dans sa voiture et fonça sur  l’aéroport. L’idée saugrenue d’appeler l’accueil pour lancer une alerte à la bombe l’effleura, mais il la chassa avec un demi-sourire. Et oui !
Il était même capable de ça pour la retenir.
Il la repéra de loin, dés son arrivée dans le hall immense, assise dans un coin, près d’une vitre ! C'était un signe, non ?
Une voix résonna dans les haut-parleurs :
-  Les passagers à destination de Paris sont invités à gagner le hall d’embarcation…
Elle se leva lentement, ramassa son sac de sport comme s’il pesait une tonne et, toute la misère du monde sur les épaules, se résolut à prendre la  direction de la porte.
-  Leina !
Sa voix résonna dans tout le hall et elle la reconnut instantanément. Elle l’aurait reconnue parmi des milliers. Elle ne se retourna pas, le cœur  battant plus fort. Et si elle rêvait, si c’était le fruit de son  imagination ? Si elle se retournait et qu’il ne soit pas là ? Elle  accéléra le pas… mais s’arrêta à quelques centimètres de la porte  d’embarcation. L’hôtesse lui adressa un sourire :
 - Il y a un problème Mademoiselle, vous embarquez ?
 -  Leina ! Si tu passes cette porte, ce ne sera plus jamais la peine de revenir…
Alors seulement, les larmes dégoulinant sur ses joues, elle se retourna, pour se trouver face à un Dylan plus beau que jamais : les yeux pleins de  larmes, le tee-shirt tiraillé, enfilé comme à la hâte, les cheveux aux  mèches rebelles ébouriffés. Il n’avait plus cet air si sûr de lui, ce  regard ironique et cruel. Il avait l’air d’un enfant devant un ours en  peluche qu’il voulait absolument tout en sachant qu’il ne l’aurait pas…
Cette image la fit sourire. C'est alors qu'il comprit… que David avait  raison, qu'elle s'était fait opérer et que l'opération avait été une  réussite : elle n'était plus aveugle.

FIN

: Vous pouvez écouter la nouvelle mise en voix par Catherine Humbert ici: