Suite de la nouvelle de Nathalie Faure-Lombardot... Rupture...

Différence de point de vue (2)...

Suite de la nouvelle de Nathalie Faure-Lombardot... Rupture...

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...


La réponse tomba comme un couperet. Elle le savait, elle s'y  attendait. Alors pourquoi avait-elle tant de mal à retenir  ses larmes ? Les yeux baissés, elle luttait pour faire
disparaître ou au-moins tenter d'atténuer la boule qui lui obstruait la gorge.

Pourquoi tu m'as fait ça ? gronda-t-il à son tour, d'une voix si basse qu'elle en était à peine audible, mais dans  laquelle vibrait une accusation sans équivoque.
La tête baissée, elle ne put que la faire légèrement  osciller, incapable de répondre.
Est-ce que tu as seulement une idée de ce que tu m'as fait  vivre ? continua-t-il sur le même ton. J'ai eu peur, je  t'ai cherchée, j'ai passé des centaines de coups de fil…

Je t'ai laissé un message… souffla-t-elle. Je savais que tu  me chercherais…
Au bout de trois jours, oui ! Trop sympa de ta part ! Tu  n'as même pas eu le courage de me dire que tu partais,  tout simplement !
Tu m'aurais laissée partir comme ça ? Sans rien me demander ?
J'avais peut-être droit à une explication, non ? … Me laisser un message sur un répondeur... Je le connais ?
— Qui ?
— Ne te fous pas de moi…
Je t'ai dit que je te quittais, que je partais avec un  autre… uniquement pour que tu ne cherches pas à me  retrouver, que tu m'oublies… mais il n'y a jamais eu  personne…
Bien sûr ! ironisa-t-il. Tu es partie sur un coup de tête et six mois plus tard, tu te dis que tu t'es peut-être  trompée, alors tu reviens, comme si rien ne s'était passé et tu m'appelles ! … Arrête de te foutre de ma gueule.
Qu'est-ce que tu veux ? Il s'est cassé ? Tu ne sais  plus où aller, alors tu reviens la gueule enfarinée en  pensant m'attendrir ? Tu attends quoi de moi ? Que je  t'accueille à bras ouverts en oubliant instantanément ce  que tu m'as fait ?

Est-ce que tu m'aurais crue si je t'avais dit que je te quittais par amour ? Que je n'arrivais plus à vivre comme ça ?  tenta-t-elle de s'expliquer alors que les larmes commençaient à couler sur ses joues, la voix devenue aiguë à force  de lutter contre les sanglots. Je n'étais pas à la  hauteur, je n'avais pas le droit de rester et de te  condamner à vivre avec moi alors que tu méritais tellement mieux…
Oh non ! Tu ne vas pas me faire ça ? Tu ne vas pas oser  quand même ? murmura-t-il en souriant amèrement, se  laissant tomber contre le dossier de sa chaise. Tu oses  jouer sur la corde sensible à ce point ? Tu vas me  sortir les violons, là ?
La gorge douloureuse, elle ne pouvait plus prononcer un mot,  luttant contre les larmes comme elle pouvait. Elle n'y  arriverait pas… Elle ne le convaincrait pas, il ne
comprendrait pas…

Je croyais qu'on était un couple heureux, reprit-il presque  agressivement, qu'on pouvait tout envisager à deux, qu'on  pouvait tout partager… Qu'on devait toujours être là l'un pour l'autre… C'est même toi qui me l'as fait  comprendre, ça ! Alors pourquoi avoir tout cassé d'un coup ? Tu vas me faire croire que c'est à cause d'une  soudaine prise de conscience ? Et aujourd'hui encore, tu  n'as même pas le courage d'avouer que tu t'es barrée avec un autre, que ça n'a pas marché et que c'est pour ça  que tu reviens ? C'est toi qui as tout foutu en l'air,  pas moi ! Je t'aurais décroché la lune si tu me l'avais
demandé… Mais c'est trop tard ! Tu es partie, tu m'as  quitté, tu te souviens ?…

Relevant la tête, elle se força à croiser son regard, prit un  nouveau coup en plein cœur en se rendant compte qu'il  avait, lui aussi, les yeux pleins de larmes.
Je me suis toujours battue, murmura-t-elle enfin. Je pouvais  tout supporter… La solitude, la douleur, la peur… Mais  pas ta compassion… Je pouvais supporter mon problème, seule… mais je n'avais pas le droit… de t'entraîner  avec moi… Je ne voulais pas… te forcer… à finir ta  vie avec moi… par devoir, par obligation…
Il resta un instant silencieux, la fixant, puis exhala un  profond soupir de lassitude, il murmura :
Ma compassion ? Si tu penses vraiment ça, c'est que tu n'as  rien compris… Et je continue à croire que tu cherches à me faire culpabiliser pour obtenir mon pardon… Ton
problème ? reprit-il, mais tu pouvais le régler ton  problème… C'était juste une question de volonté…  Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Tu vas
rester ici ?

— … Ça dépend de toi… souffla-t-elle.

[...] À suivre...

: Vous pouvez écouter la nouvelle mise en voix par Catherine H.  ici: