Suite de la nouvelle de Pascale Fuster : Où Marie  en sait plus sur ses origines...

La Ferme du Gyps (14)...

Suite de la nouvelle de Pascale Fuster : Où Marie en sait plus sur ses origines...

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...

La ferme du Gyps...
Épidémie


Le Taillandier est venu frapper à la porte de Marie.
- L’instituteur est malade, il faut que tu l’aides, il  est pour rien dans tout ça, il est même pas d’ici, je sais que tu vas pas au village mais si tu veux j’irai avec toi.
Marie refusa son aide et prit le chemin du village.
Les femmes s'étaient rendues à l’église pour prier la bonne vierge de les sauver, elles allaient toutes en procession devant la statue de la vierge que les faïenceries avaient faite.
Tout le village était rassemblé devant l’école, les mots fusaient, la peur leur tenaillait le ventre, personne ne comprenait rien à cette maladie que l’on ne connaissait pas, ils allaient tous y passer, et la Marie qui ne viendrait pas les aider, la colère montait et les hommes en venaient aux mains, s’accusant les uns les autres, s’invectivant, s’insultant.
Quand Marie est apparue devant l’école, le silence s’est fait et chacun de  guetter un geste, une parole, un signe qui leur rendrait espoir.
Dans le silence où Marie les laissait, un des hommes s’est enhardi à la supplier de les sauver.
Puis, le directeur de la faïencerie, triturant son chapeau, a enchaîné les  suppliques, croyant la faire fléchir, il a parlé de la perte de son  fils.
Et là, toute la colère, toute la douleur que Marie gardait en elle a explosé.
Soulevant ses cheveux, découvrant sa pauvre figure marquée par les flammes, elle hurla :
 
-  Pourquoi ? Pourquoi je vous sauverai ? et se tournant vers le faïencier
- Toi!  Toi moins que les autres parce que mon père, c’est toi qui l’as tué.
Devant l’attaque, le faïencier blêmit et chancela, il se retourna et fendit la foule aussi vite qu’il le put. C’était la stupeur ! Tous se retournèrent sans comprendre et virent le propriétaire des faïenceries s’écrouler  devant l’église.
On le porta à l’église et on l’allongea sur la table. Le temps que le  docteur arrive, il était trop tard, trois jours plus tard, on le portait en terre.
Quand ils se sont retournés, Marie n’était plus là.
Paule interrogea:
- Pourquoi lui a-t-elle dit qu’il avait tué son père ?
- Ce que le faïencier ne savait pas, c’est que Faustine et Jules se sont  écrit longtemps après son départ, des lettres déchirantes, où il parlait de son amour pour Faustine, des nouvelles qu’il demandait de la petite, de ses regrets de n’avoir pas su s’opposer à la volonté de son père, de son espoir que celui-ci accepte qu’il revienne.
Dans sa dernière lettre, il disait le refus de son père et de ne pas vouloir vivre sans elle et sa volonté d'en finir.
On l’a retrouvé noyé dans l’étang.

Le faïencier a demandé une messe à la mémoire de son fils Jules, le curé  d’abord réticent, a accepté parce que le patron de la faïencerie lui  avait promis de payer les réparations du clocher de l’église. Ils se sont accordés pour dire au village qu’il s’agissait d’une mort accidentelle. Mais le charpentier est tombé.
Tous ont accusé Marie, le curé lui a vu une punition du bon Diou. Il en a perdu le sommeil et l’appétit. On le voyait dans le jardin  derrière la cure, devant la statue de la sainte vierge sous les arbres,
il parlait en gesticulant, il implorait son pardon, il a perdu l’esprit.
Il s’est mis à trénailler comme un traîne culotte en disant des mots en latin. Ils ont dû le remplacer.

Ces lettres, Marie les a trouvées dans la chambre de Faustine avec la robe  et le portrait. Ce jour-là, elle a su qui était son père, mais aussi  qu’au village elle avait un grand-père qui l’avait reniée et elle disait que c’était sa faute si ses parents étaient morts, que sans lui ils  auraient été heureux tous les trois, elle s’accrochait a cette image de  toute ses forces.

Marie poussa la porte de l’école, elle monta l’escalier qui conduisait à l’appartement, Nanette lui ouvrit la porte, tenant la pelle a ch’ni dans une main et la brosse à balayures dans l’autre, elle courait après le moindre minon. C’était une pauvre femme qui logeait dans le boiton au-dessus de l’étable dans la ferme du bas. Elle vivait chichement des quelques  sous donnés par l’instituteur pour tenir sa maison et lui préparer ses
repas.
Elle conduisit Marie à la chambre, le jeune alité était fiévreux. Il tenait le mal, celui qui vous emporte outre-tombe, il était pressant de l’en défaire. Son état montrait qu’il était près de passer.
-  Vous pensez, dit Nanette,  un p’tit gars d’la ville, il a pas d’santé.
Marie s’est assise près de lui, lui soulevant la tête, elle lui a fait boire une petite fiole.
- Si la fièvre aide à guérir, une chemise mouillée aide à mourir dit Zélie.

[...]

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