Suite de la nouvelle de Pascale Fuster avant une petite pause dans la publication...

La Ferme du Gyps (9)...

Suite de la nouvelle de Pascale Fuster avant une petite pause dans la publication...

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...

La ferme du Gyps...
 
L'incendie
-9-
 
Ils sont venus, l’insulte à la bouche, la haine dans les mains, ils ont  barricadé la porte et lancé une torche dans la fenêtre, la maison a pris feu, et c’est quand ils ont vu les flammes que les taillandiers sont  accourus.
Martinien, le père, un solide gaillard, a brandi sa faux face à la foule en les  menaçant d’embrocher le premier qui avançait, et les cinq fils, le  Firmin, le Joseph, le Georges, l’Eugène et le Félicien, ont fait la  chaîne, puisant l’eau de l’Arcange pour éteindre le feu, les ouvriers  qui couchaient à la taillanderie leur ont prêté mains fortes.
Devant la détermination et la menace du maître des forges, les hommes, plus  saouls de paroles que d’alcool, ont dégrisé, et réalisant ce qu’ils  venaient de faire, ont reculé pour s’enfuir aussi vite qu’ils le  pouvaient, courant se cloîtrer dans leurs maisons comme s’ils n’avaient  jamais quitté la couche conjugale.
 
Les lâches, lâcha Zélie en tapant le bout de sa canne sur le sol, puis se ressaisissant, elle continua:
- L’incendie éteint, les fils du taillandier ont ouvert la porte et cherché Marie et le bébé.
Ils n’ont rien trouvé, la moitié de la maison était détruite, éventrée en son milieu, et Marie et le bébé étaient introuvables.
Quand Marie a entendu les cris monter du village, elle s’est souvenue de  cette nuit deux ans plus tôt, elle a revécu chaque instant, elle a revu  sa mère essayant de la protéger, sa fuite, sa découverte macabre à son  retour.
Elle devait protéger sa fille, il le fallait, quand elle les a entendus bloquer la porte, elle a pris l’enfant contre elle.
Quand le feu a envahi la chambre, elle se trouva piégée, elle traversa les  flammes et sauta par la fenêtre, elle a couru à travers champs et bois  avec une seule idée, mettre l’enfant à l’abri de ces fous.
Au milieu de la nuit, elle a frappé à ma porte, elle serrait l’enfant  contre son sein, roulé dans une petite couverture, le bébé allait bien,  mais ma pauvre Marie...

Zélie porta la main à son front comme pour chasser les images qui s’imposaient à sa mémoire.
Paule vit dans le reflet des flammes les larmes couler sur le visage ridé de la vieille femme.
Zélie rassemblant son courage continua son récit :
 - Marie, elle est restée ici durant une année, j’ai pris soin d’elle et de l’enfant.
Je l’ai soignée, la moitié de son visage était brûlée, elle avait la fièvre et dans son délire, elle a parlé.
Quand elle a commencé à aller mieux, je lui ai demandé ce qu’elle disait et  c’est là qu’elle m’a raconté ce que je viens de te dire.
Elle m’a fait jurer de ne rien dire à personne. Toutes ces années, j’ai tenu parole.
Au bout d’un an, on allait sur les beaux jours, les blessures du corps  étaient guéries mais pas celles à l’intérieur, petite, les blessures de  l’intérieur c’est comme une frache, on voit presque rien et pourtant, elles pleurent longtemps.
La moitié de son visage portait les stigmates des flammes.
Marie comprenait bien qu’elle ne pouvait pas retourner au Gyps avec l’enfant, que ce serait la mettre en danger.
Un matin, elle a décidé qu’elle retournerait là-bas, j’ai essayé de la  dissuader, mais elle ne voulait rien entendre, elle était animée d’une  soif de vengeance, elle disait que personne ne la chasserait de sa  maison même brûlée. Elle m’a confié sa fille avant de repartir au  village.

[...]

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