Suite de la nouvelle de Pascale Fuster...

La Ferme du Gyps (8-2)...

Suite de la nouvelle de Pascale Fuster...

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...

La ferme du Gyps...
 
Le malheur
-8.2-
 

Aussitôt, les villageois pensèrent qu’elle avait créé le déluge, et Marie ne les a pas détrompés, au contraire, elle a entretenu cette légende,  n’inspirant plus rien d’autre que de la crainte.
Tout ce qui est arrivé après ça, ils l’en ont accusé.
Elle s’en moquait, leurs peurs c’était sa vengeance et cela dura les deux années qui suivirent.
 
D’abord y eut la mort de l’Anatole le charpentier.
Il était occupé à réparer le clocher.
Marie descendit au village, elle s’arrêta devant l’église et levant la tête,  elle fixa l’homme, se sentit -il épié ? Je ne sais pas, toujours est-il  que quand il vit Marie, il tressauta et perdit l’équilibre et tomba du  toit s’écrasant sur le parvis.
Il est mort sur le coup, les hommes qui regardaient depuis la fenêtre de  l’hôtel des sources entendirent son cri et le bruit sourd de la chute,  ils sortirent en courant, se penchèrent sur le charpentier qui gisait  dans une mare de sang comme un pantin désarticulé.
Quand ils relevèrent la tête, Marie n’était plus là.
Le bruit a couru dans le village qu’elle pouvait donner la mort rien qu’en vous regardant.
Le village se divisa dans la peur, ceux qui voulaient que les coupables dont parlait Marie et même s’ils n’y comprenaient  rien se dénoncent et ceux qui disaient que ce n’était que des mensonges de sorcière. Il y eut désormais au village les Nans de ci et les Nans de là.
La seule chose qui les unissait encore : C’était la peur.
L’année suivante, l'on attendait une belle récolte mais la sécheresse réduisit  tous les espoirs à néant, les blés grillaient sur pieds, là encore Marie fut tenue pour responsable, l’on raconta au village qu’on l’avait vue  la veille caresser les épis au champ des Batailles .
Puis ce fut la mort du maréchal ferrant, on avait appelé l’Alphonse pour une charrette sur la route du Crouzet, au-delà du dessus de la  lave, c’était une route dure et étroite où le cheval avait bien du mal à remonter une charrette vide. Il a voulu réparer sur place, mais la cale n’a pas tenu et il a été écrasé entre la roche et la charrette.
Transporté au village, il s’est éteint dans la nuit la poitrine  défoncée. C’était pas beau à voir.
Cette année-là, la maladie s’empara des bêtes et les tua.
La morve et le charbon infestaient les étables.
On raconta que Marie leur avait jeté un sort en utilisant les crapauds du voisinage.
 
Partout où le malheur frappait, on accusait Marie. On la voyait partout à la  fois, on prétendait qu’elle donnait la mort aux hommes et aux bêtes.
-Était-ce vrai ? osa demander Paule.
-Non, Marie savait, elle sentait la mort, elle connaissait l’endroit où la faucheuse frapperait, c’est pour ça qu’elle était là.
Marie était une bonne âme, elle guérissait, elle ne tuait pas, mais les gens  sont veules et lâches, il leur faut un coupable pour chacune de leurs  propres fautes.
Mais la mort, petite, elle frappe où elle veut, et qui elle veut, personne  n’a de pouvoir sur elle et bientôt c’est pour moi qu’elle viendra. J’ai  fait mon temps!

[...] À suivre...




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