Blu Bayou (suite)

Ecrit par l'Ordissinaute JYL@SUN.

Je restai quelques encore au Blu Bayou, l'esprit embrumé, engoncé dans une douceâtre torpeur, figé, indécis, incapable d'agir.
Je ne bougeais pas.
Je La savais là, "toute proche".
Je ne voulais pas la quitter, pas tout de suite!
Enfin, je me décidai à partir, reprendre de "notre périple", le continuer jusqu'à Muir Valley, notre but.
Je choisis de partir très tôt, en fin de nuit, quand les étoiles vivent encore,
comme si elles me protégeaient de leur manteau brillant.
J'ouvrai une vitre de la voiture, permettant à l'air frais de s'engouffrer dans l'habitacle, m'enrobant dans une sorte de cocon tonique où j'espérais happer l'esprit de Giulia.
L'obscurité finissante...
L'aube blanche se dévoilait peu à peu...
/Assise à côté de moi, Elle regardait le paysage,, le décrivait, le narrait, le commentait de son délicieux accent québécois qui me charmait.
Elle était comme le refrain d'une belle chanson.
Elle faisait toujours "son pinson"...
J'avançais doucement, reculant le moment d'arriver, peu pressé de retrouver une douloureuse réalité.
Tant que je roulais, je vivotais dans une bulle d'où je ne voulais m'évader.
C'est en début d'après-midi que je parvins à Mendocino.
Un motel, le Redwood, construction  humble, propre, de plain-pied,
des tarifs négociables.
Je reportai au lendemain ma randonnée en forêt.
A l'orée de la forêt, un parking conséquent, mais quasiment désert à cette heure matinale.
Un soleil léger atténuait la fraîcheur.
Je m'engageai dans la forêt sombre, éclairée par quelques puits de lumière.
Je pénétrai dans le monde des séquoias,  un volume de silence, un peu étrange.
D'un arbre à l'autre, je me promenais, la tête tournée vers la cime de ces colosses impassibles et débonnaires, droits, posés, vertigineux, emplis d'une "sagesse" naturelle évidente.
Je m'assis au pied d'un géant.
Au loin, à peine audible, le murmure d'une rivière, répandant dans le courant l'âme des séquoias et leur monde invisible.
Pas de chants d'oiseaux...
/Je La voyais., curieuse, faisant le tour des des fûts,rougeâtres,  tâtant l'écorce épaisse, douce, presque spongieuse, mesurant l'espace qui séparait les uns des autres.
Elle vint s'asseoir contre de moi, posa sa te sur mon épaule, se laissant aller à une rêverie contemplative et vagabonde.
La chaleur tiède de son corps.../
Je m'assoupis...
Un parfum, Son parfum!
Une voix féminine me sortit de ma somnolence.
Je basculai à nouveau dans le réel, un peu hébété.
À deux mètres de moi, une femme, plutôt jeune, me sourit, s'excusant de m'avoir réveillé...