La Ferme du Gyps (4)
Publié le 10 juillet 2022
(295 lectures)
La ferme du Gyps...
Nans sous sainte Anne
- 4 -
Paule observa un moment la nouvelle école, enfin c’est comme ça qu’on la nommait, en réalité elle était là depuis 1880, construite de bonnes pierres, elle était séparée en deux par une grille, d’un côté les arçons, de l’autre les filles.
Paule fit une petite moue, cette vision ne l’enchantait guère, elle qui avait aimé le combat des suffragettes et dont l’esprit frondeur ne se retrouvait pas dans le cantonnement des femmes à des tâches subalternes pour le confort de maris aussi méprisants que méprisables. Il faut dire que son métier l’avait souvent obligée à constater les dégâts de l’alcool chez les hommes et tous les débordements qu’il engendrait. Elle ne comptait plus les affaires où les femmes et les enfants étaient des victimes.
Paule secoua la tête, vraiment quelles pensées, à croire que ce village avait une influence négative sur elle. Elle songea alors à ses amis, quelle différence entre la gentillesse et la chaleureuse amitié qu’ils lui portaient et l’impression étrange que ce village lui procurait.
Elle ne devait pas se laisser distraire, elle était venue dans un but précis et devait faire abstraction de tout le reste.
Elle s’attarda sur le pont de pierre, son regard s’attacha un instant sur la petite maison de pierre aux volets verts.
Elle tourna la tête vers l’école et aperçut, à la fenêtre de l’étage, le maître d’école qui l’observait, elle se prit à penser qu’il était plutôt bel homme, ce qui la fit éclater de rire.
Son rire cristallin s’envola au milieu du silence de la rue, des volets claquèrent précipitamment.
Elle se retourna vivement, on l’observait à travers les persiennes.
Jules n’avait pas bougé de son poste d’observation, il souriait en la regardant, elle lui adressa un petit signe de la main, avant de s’éloigner.
Elle remonta la rue devant le château qu’elle admira en passant.
Empruntant l’escalier au centre de la façade, elle resta un instant sur la terrasse, les mains posées sur la balustrade de colonnes blanches, puis elle pénétra à l’intérieur de l’hôtel où Emma l’accueillit gentiment.
- Votre hôtel est vraiment très agréable, et le village est très joli avec ces vieilles maisons. Quel est donc ce château à la si jolie tour avec son toit de lauzes ?
- Ha , c’est le Mirabeau
- Vraiment ? Il vivait ici ?
- Non, il a été construit par le seigneur de Montrichard, une partie de l’église aussi d’ailleurs, allez-y donc, vous verrez leurs armoiries sur les voûtes et un très joli vitrail offert par Monsieur le Comte.
- Pourquoi l’entrée du château n’est-elle pas face à la route?
- En fait, cette route que vous venez de prendre n’existait pas, l’on passait de l’autre côté du château.
Venez prendre un café, je vais vous raconter cela.
Les seigneurs de Montrichard vendirent leur château à Ferdinand Jacques de Nans, celui-ci le transmit à sa fille Antoinette Philiberte Jacques de Nans qui épousa le comte Ferdinand d’Arvisenet, ils eurent deux filles Gabrielle qui épousa le comte d’Esterno et Claude Antoinette qui reçut en dot le château de Nans lors de son mariage avec le Marquis Claude François de Monnier. Ils ont eu une fille Jeanne Antoinette de Monnier.
Orpheline de mère, son père le Marquis déjà très âgé épousa la jeune Marie Thérèse Sophie Richard de Ruffey à peine âgée de dix-sept ans.
Elle rencontra le Comte de Mirabeau.
La jeune Sophie venait à Nans sous sainte Anne en vacances et elle allait visiter les dames de Migette. Mirabeau venait la retrouver en cachette à Nans, c’est de là qu’ils s’enfuirent. Rattrapés, Mirabeau fut condamné et Sophie s’est donné la mort.
Le château a été confisqué à la révolution comme bien d’émigré.
Si vous voulez vous promener, allez donc découvrir notre source du Lison,
elle est magnifique, vous y verrez aussi notre ancien hôtel derrière l’usine électrique, nous l’avons quitté dans les années 20 lorsque nous avons racheté la ferme pour en faire cet hôtel.
[...] À suivre:
Nans sous sainte Anne
- 4 -
Paule observa un moment la nouvelle école, enfin c’est comme ça qu’on la nommait, en réalité elle était là depuis 1880, construite de bonnes pierres, elle était séparée en deux par une grille, d’un côté les arçons, de l’autre les filles.
Paule fit une petite moue, cette vision ne l’enchantait guère, elle qui avait aimé le combat des suffragettes et dont l’esprit frondeur ne se retrouvait pas dans le cantonnement des femmes à des tâches subalternes pour le confort de maris aussi méprisants que méprisables. Il faut dire que son métier l’avait souvent obligée à constater les dégâts de l’alcool chez les hommes et tous les débordements qu’il engendrait. Elle ne comptait plus les affaires où les femmes et les enfants étaient des victimes.
Paule secoua la tête, vraiment quelles pensées, à croire que ce village avait une influence négative sur elle. Elle songea alors à ses amis, quelle différence entre la gentillesse et la chaleureuse amitié qu’ils lui portaient et l’impression étrange que ce village lui procurait.
Elle ne devait pas se laisser distraire, elle était venue dans un but précis et devait faire abstraction de tout le reste.
Elle s’attarda sur le pont de pierre, son regard s’attacha un instant sur la petite maison de pierre aux volets verts.
Elle tourna la tête vers l’école et aperçut, à la fenêtre de l’étage, le maître d’école qui l’observait, elle se prit à penser qu’il était plutôt bel homme, ce qui la fit éclater de rire.
Son rire cristallin s’envola au milieu du silence de la rue, des volets claquèrent précipitamment.
Elle se retourna vivement, on l’observait à travers les persiennes.
Jules n’avait pas bougé de son poste d’observation, il souriait en la regardant, elle lui adressa un petit signe de la main, avant de s’éloigner.
Elle remonta la rue devant le château qu’elle admira en passant.
Empruntant l’escalier au centre de la façade, elle resta un instant sur la terrasse, les mains posées sur la balustrade de colonnes blanches, puis elle pénétra à l’intérieur de l’hôtel où Emma l’accueillit gentiment.
- Votre hôtel est vraiment très agréable, et le village est très joli avec ces vieilles maisons. Quel est donc ce château à la si jolie tour avec son toit de lauzes ?
- Ha , c’est le Mirabeau
- Vraiment ? Il vivait ici ?
- Non, il a été construit par le seigneur de Montrichard, une partie de l’église aussi d’ailleurs, allez-y donc, vous verrez leurs armoiries sur les voûtes et un très joli vitrail offert par Monsieur le Comte.
- Pourquoi l’entrée du château n’est-elle pas face à la route?
- En fait, cette route que vous venez de prendre n’existait pas, l’on passait de l’autre côté du château.
Venez prendre un café, je vais vous raconter cela.
Les seigneurs de Montrichard vendirent leur château à Ferdinand Jacques de Nans, celui-ci le transmit à sa fille Antoinette Philiberte Jacques de Nans qui épousa le comte Ferdinand d’Arvisenet, ils eurent deux filles Gabrielle qui épousa le comte d’Esterno et Claude Antoinette qui reçut en dot le château de Nans lors de son mariage avec le Marquis Claude François de Monnier. Ils ont eu une fille Jeanne Antoinette de Monnier.
Orpheline de mère, son père le Marquis déjà très âgé épousa la jeune Marie Thérèse Sophie Richard de Ruffey à peine âgée de dix-sept ans.
Elle rencontra le Comte de Mirabeau.
La jeune Sophie venait à Nans sous sainte Anne en vacances et elle allait visiter les dames de Migette. Mirabeau venait la retrouver en cachette à Nans, c’est de là qu’ils s’enfuirent. Rattrapés, Mirabeau fut condamné et Sophie s’est donné la mort.
Le château a été confisqué à la révolution comme bien d’émigré.
Si vous voulez vous promener, allez donc découvrir notre source du Lison,
elle est magnifique, vous y verrez aussi notre ancien hôtel derrière l’usine électrique, nous l’avons quitté dans les années 20 lorsque nous avons racheté la ferme pour en faire cet hôtel.
[...] À suivre: