Suite et Fin de la nouvelle de Pascale Fuster... Le dénouement.

La Ferme du Gyps (22)

Suite et Fin de la nouvelle de Pascale Fuster... Le dénouement.

Ecrit par l'Ordissinaute Les 3 A...

La ferme du Gyps...
Dénouement
( - 22 - )

Pour parvenir au domaine du Frenet, on empruntait une allée qui conduisait à une cour sablée, où se trouvaient des massifs fleuris, une fontaine et  un saule. La propriété était constituée de plusieurs corps de  bâtiments, d’abord la maison des gardiens, puis le château de deux  étages  d’habitations et de chambres de bonnes sous les toits où elles   dormaient, flanqué de deux tours carrées, venaient ensuite l’atelier   puis la grange et enfin la maison des fermiers, le tout formait une   sorte de S.  Plus loin entre la maison du fermier et le Lison se   trouvait une toute petite construction, le poulailler, non loin duquel   se trouvait la passerelle de bois qui enjambant le Lison menait à la   route de Saraz.
La façade arrière du château, garnie de hautes fenêtres à petits carreaux  donnait sur un parc qui courait jusqu’au  Lison et l’on pouvait voir le  village jusqu’à la maison du journalier.
Assis à son bureau devant les grandes fenêtres ouvertes, il lisait. Il leva les yeux et faillit tomber de son fauteuil.
Une silhouette blanche, apparaissait dans l’encadrement de la fenêtre.
Il se ressaisit et courut à la porte, il la vit à gauche, puis à droite,   et encore au milieu, partout où il tournait la tête, il la voyait. Il   s’enferma et prit son fusil, posté à la fenêtre, il chercha la forme  blanche. Plus rien.
Toute une semaine, partout où il allait, il la voyait, elle revenait le hanter, cela ne pouvait plus durer.
Il se maudissait de l’avoir loupée sur le coteau, il en était sûr, c’était cette fille qui jouait avec ses nerfs.
Mais comment faisait-elle? Elle apparaissait et disparaissait en point d’temps, elle semblait trésir du sol.
Paule et la fouine riaient en grimpant la colline, elles jouaient aux fantômes et le voir devenir chèvre  les amusait beaucoup.
Elles devaient le pousser à bout, l’obliger à commettre une faute.
 
Fou de rage, il se dit que si elle voulait la guerre elle l’aurait. Il   convoqua le village en urgence devant la mairie, il allait se servir   d’eux encore une fois pour accomplir ses desseins, il allait lancer une  nouvelle chasse à la sorcière.
Devant la mairie, les habitants s’étaient tous rassemblés.
 
Il chercha ses mots pour galvaniser la foule. Soudain la porte battante   conduisant à la mairie s’ouvrit et Paule, en robe blanche, apparut.
Le désignant du doigt, elle cria :
- Assassin, tu as tué ma mère!
Le silence emplit la rue. L’église s’ouvrit alors et la foule médusée vit  apparaître la fouine, le pointant du doigt elle cria:
- Assassin, tu as  tué Marie!
Décontenancé par la tournure que prenaient les événements, cherchant une  échappatoire, il se tourna vers le pont du Verneau pour y découvrir   Marie qui le fixait de ses yeux gris.
 
Face au fantôme le village tout entier se figea, retenant son souffle, dans l’attente des événements à venir.
La fouine se mêla à la foule, glissant dans chaque oreille encore et encore chacun des crimes.
Paule avança doucement jusqu’à Marie qui accusa :
- Tu as fait tuer Faustine.
La fouine, haranguant la foule, susurrant d’une oreille à l’autre :
- Faustine, Paul, Marie, assassin, assassin, servi de vous, servi de vous…

Le fiel de la colère emplissait les cœurs, les têtes. La peur se mua en   désir de vengeance, et bientôt le maire fut encerclé par les villageois.
 
Profitant du mouvement de foule générale, Paule et Marie avaient disparu et personne ne l’avait remarqué.
Les villageois en colère criaient vengeance pour les leurs.
Le maire tenta une dernière diversion:
- Taisez-vous, c’est un menson….

Une déflagration retentit, il s’écroula face contre terre, et son chapeau noir vint rouler aux pieds de Célestin.
- Pour ma Faustine  dit-il avant de baisser son fusil de chasse encore fumant.
 
Paule sortit la Stutz de la grange, elle la stationna près de la fontaine où  Marie était assise, sa main dans l’eau claire, elle songea à Louis,   c’était si loin tout ça.
Paule craque une allumette et la jette dans la paille, les flammes  grandissent vite et la maison brûle. Marie  n’avait rien voulu emporter  de ce qu’il restait dans la maison, disant  que tout ce à quoi elle  tenait était déjà à l’abri.

Les taillandiers, voyant les flammes, arrivent en courant. Marie leur fait   un signe de la main, comme pour dire « Tout va bien ».
Paule aide sa mère à s’installer dans la voiture et prend le volant.
Elles quittent le Gyps pour toujours.
Firmin retourna à sa forge, laissant brûler la ferme, si Marie voulait s’en   défaire alors… c’est qu’elle en avait fini avec le malheur.
La fouine court par monts et par vaux, elle traverse  les Plongerats  le cœur léger, sans aucun remords, elle chantonne.
On l’a eu le tout noir, on l’a eu.
On l’a eu le tout noir, il a perdu
Son chapeau il est tombé
Et lui ils l’ont cabé
On l’a pris à son jeu
C’est nous qu’on a mis le feu
On l’a eu le tout noir on l’a eu
Le tout noir….
 
Quand elle arriva en vue de la ferme, elle aperçut Zélie assise sur une chaise devant la maison.
Paule et Marie revenaient du jardin.
Zélie se leva doucement et les trois femmes regardèrent le rosier grimpant   dont les fleurs blanches éclataient de splendeur au soleil.
Marie mit ses bras autour des épaules de Zélie et de Paule. Devant ce tableau, la fouine eut un petit pincement au cœur.
Elle s’approcha et Paule mit son bras autour de sa taille.
Elles étaient là, toutes les quatre et Paule s’adressant à la fouine lui demanda :
- La fouine, ça te dirait d’apprendre les plantes à ta petite sœur?
La fouine sentit son cœur se gonfler et se serra contre Paule en guise de réponse.
Et Paule d’ajouter sur un ton plus gai, et maintenant tu vas me le dire ton vrai nom.
La fouine répondit :
- Moi, c’est Marie !
 
Paule éclata d’un rire cristallin bientôt suivi des trois autres et les rires
envahirent la vallée de Vaux, amplifiés par l’ écho sur les roches,   emportés par le vent jusqu’au village.
Les villageois s’immobilisèrent pour entendre le rire des sorcières qui venait jusqu’à eux comme un dernier message.
Sur le pas de porte de sa maison à la Doye, tournant la tête vers la grange de Vaux, Lucie sourit.
 
Le lendemain la presse comtoise titrait:
 
Mort du Maire de Nans sous sainte Anne
Monsieur le Maire de Nans sous sainte Anne est décédé hier, des suites d’un
regrettable accident de chasse à l’occasion d’une battue aux loups.
De nombreux témoignages attestent…
 
FIN

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